Ce paysage donne une très bonne indication de l'économie rurale qui a persisté jusqu'à la moitié du XXe siècle et des échanges établis dès le Moyen Âge entre la vallée, les causses au sud et les plateaux de l'Aubrac, du Carladez [Carladés] et de la Viadène [Viadena], au nord.
Ce paysage emblématique de l'Aveyron, avec son relief arrondi d'alpage, marqué çà et là de grandes hêtraies, forme une ellipse de 20 km de large sur 40 de longueur, perchée à 1200 mètres d'altitude, à cheval sur trois départements (Aveyron, Cantal, Lozère).
Délimité au sud par la vallée du Lot, vers laquelle il plonge dans un dénivelé de plus de 1000 mètres, le massif est essentiellement formé d'épanchements basaltiques reposant sur l'ancien socle hercynien. Malgré son altitude modeste, l'Aubrac affirme un caractère montagnard fortement trempé. L'immensité dénudée, battue par l'écir (vent du nord), n'est pas pour rien dans la perception qu'ont pu en avoir les premiers pèlerins, qui nous ont laissé le témoignage « d'un lieu d'horreur et de vastes solitudes ». On peut imaginer leur soulagement de voir s'ouvrir devant eux la vallée du Lot, le Causse comtal au loin et leurs promesses de pain, de vin... de vie.
A l'ouest, le Carladez (alt. 800 à 900 m) et la Viadène (alt. moyenne 750 m) forment un triangle allant des contreforts de l'Aubrac aux gorges de la Truyère. Ce sont des plateaux vallonnés, constitués d'une mosaïque de parcelles cultivées, de pâturages, de bosquets et de petites landes isolées. Cet ensemble de paysages donne, aujourd'hui encore, une très bonne indication de l'économie rurale qui a persisté jusqu'à la moitié du XXe siècle et des échanges établis dès le Moyen Âge entre la vallée, les causses et les plateaux de l'Aubrac, du Carladez [Carladés] et de la Viadène [Viadena].
Après des kilomètres d'efforts, le marcheur quitte les pentes des contreforts de l'Aubrac pour un cheminement plus facile, dans la douceur de la vallée. L'altitude baissant, le chêne [garric] a définitivement pris le dessus, sur les versants sud, par rapport au hêtre [fau] qui occupe les versants nord jusque dans les vallées. Les terres sont plus favorables aux cultures : les coteaux exposés au sud sont propices à la vigne ainsi qu'aux ubacs boisés (chênaies sur les zones calcaires, châtaigneraies sur les rougiers et les schistes) ou utilisés en parcours (terrains pauvres pâturés par le bétail). La vallée du Lot organise la géographie du Nord-Aveyron
Ainsi, l'habitat apparaît plus dense, la vallée concentre l'essentiel de l'habitat... et des bras qui vont trouver preneurs lors des loues et des travaux saisonniers - fenaison [fenar] sur l'Aubrac, moissons [segar] sur les causses. Elle constitue un axe de communication essentiel avec une circulation au fil de la vallée, mais aussi des points de passage importants entre le nord et le sud (commerce, transhumance des troupeaux).
À noter l'usage fait de la rivière en elle-même pour le flottage du bois et l'utilisation d'une petite batellerie commerciale (essentiellement plus en aval, au-delà d'Entraygues-sur-Truyère).
Le paysage actuel est le fruit de plusieurs actions conjuguées : l'activité géologique (nature des roches, érosion, climat), le facteur temps, la dynamique végétale et celle, beaucoup plus modeste - même si très visible, de l'homme.
Ce paysage est « récent ». Il est formé par l'encaissement des rivières depuis l'ancienne paléosurface tertiaire. On parle de rajeunissement du Massif central qui, initialement, était quasiment plat.
Tout au long du parcours du GR®, sur le plateau, on trouvera çà et là, sur les points hauts, des galets témoins de l'ancien cours de la rivière.
Ces versants escarpés de la vallée du Lot étaient autrefois intensément exploités. Les expositions sud permettaient la culture de la vigne et des arbres fruitiers. On y produisait aussi du miel, tiré de ruches creusées dans des troncs de châtaignier [bornhons] ou en paille tressée.
Quant aux pentes les plus pauvres, couvertes de broussailles, elles étaient le domaine des chèvres. La vente des cabécous, petits fromages de chèvre en palets consommés après un séchage plus ou moins long, permettait aux femmes d'acheter ce qui n'était pas produit à la ferme. Quelques élevages perpétuent aujourd'hui cette tradition.